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[Jimmy Braun]

Carlos "Patato" Valdés [La Havane, Cuba - 1926]

Percussionniste (quinto, conga, tumba, bongo), Compositeur, Arrangeur, Danseur (rumbero).


Sa carrière commence à Cuba, dans les années 50, en accompagnant Sonora Matancera. Carlos Valdés est viscéralement un rumbero et c'est à travers la comparsa "La Sultana" et dans les solares de son barrio Los Sitios, où il joue et danse le guaguancó, qu'il reçoit ce surnom de "Patato". Dès ses débuts "Patato" se révèle comme un des grands congueros pouvant s'inscrire dans la lignée de "Chano" Pozo avec qui il joua dans le «Conjunto Azul» , bien que son style en soit différent .

Patato ! El Conguero Caliente !

Jouant à l'Académie Marta y Belona au début des années quarante, Carlos «Patato» Valdés est engagé, sur la pression de son ami le bongocero Armando Peraza, dans un des premiers conjuntos, le "Kubavana", avec lequel il enregistre plusieurs disques entre 1944 et 1947 avec notamment l'excellente composition de Alfredo Boloña, "Rumba en el patio". "Patato" joue d'ailleurs avec "Chano" Pozo au sein du "Conjunto Azul". Pendant l'année 1947 il rejoint le conjunto concurrent, le "Conjunto Casino" et enregistre dès son arrivée : "El Sordo", "A Venezuela", "Conga Casino", "Mambo con chachacha".

Au début des années cinquante Carlos Valdés se produit à Paris et joue ensuite à La Havane dans l'orchestre du Théâtre Campoamor dirigé par "Peruchín". Pratiquement décidé depuis leur tournée États Unis avec le "Conjunto Casino", "Patato" s'installe à New York. Sa carrière franchit une nouvelle étape et dès 1955 il enregistre avec des musiciens des "Jazz Messengers", dont Kenny Dorham, pour le disque "Afro Cuban" (Blue Note 072424946042).

En 1956 "Patato" rejoint Tito Puente et Mongo Santamaría à l'Apollo Theater et, pour l'enregistrement de "Puente en percussion", retrouve Mongo dans le spectacle Changó au célèbre Palladium. Il participe avec des jazzmen et plusieurs autres cubains au premier disque d'un autre grand de la percussion cubaine, Candido Camero. Aussi "Patato" collaborera de nombreuses années avec Tito Puente. En 1957, Mario Bauzá et Machito, invitent Carlos Valdés pour plusieurs plages du fameux disque "Kenya", pièce maîtresse du Jazz Afro-cubain.

Il participe la même année à un disque "Orgy in rythm" de Art Blakey où se mettent en valeur à ses côtés quatre autres congueros dont Ubaldo Nieto et Sabú Martínez. Patato Valdés reste près de huit ans avec les "Afrocubans" de Machito. A la fin des années cinquante il collabore avec le flûtiste new-yorkais Herbie Mann pour l'album «Flautista» et Dizzy Gillespie le recrute pour une tournée en Europe.


Enregistré en Juin 1959, "Flautista" est un des premiers disques d'importance en matière de latin-jazz. Mêlant à la fois l'ambiance feutrée des danses de salon et la fougue des rythmes afro-cubains, dont Carlos "Patato" Valdés a le secret, cet album illustre un passage important de la vie du musicien-conguero "Patato" et s'affirme dans cette rencontre avec Herbie Mann, inclassable flûtiste. Prise de son Live, avec une qualité d'enregistrement-mixage fortement appréciable, l'album est composé de sept opus où les "frappés" de musiciens; Herbie Mann, Johnny Rae, Knobby Totah, Carlos "Patato" Valdés, José Luis Mangual, Santos Miranda; nous captive dans une machinerie de rythmes aux tempi effrénés comme par exemple dans le premier titre "Todos Locos !". Ou encore avec l'interprétation de "Caravan" (de Tizol et Ellington) . (Réf.: Flautista-Herbie Mann plays Afro-Cuban Jazz , Verve 557448-2)

Après l'album Flautista ! en 1959 et ses nombreuses tournées, les activités de "Patato" ne faiblissent pas et pendant les années soixante il retrouve Tito Puente pour l‘album "Tambó".

En 1963, "Patato" enregistre "Patato y Totico", avec des thèmes allant de la rumba (danse et rythme profane) aux rythmes abakúa (du système cultuel afro-cubain, la Santeria) et "Stitt goes Latin" avec le saxophoniste Sonny Stitt. Toujours avec une présence dans les caraïbes, il enregistre à Puerto Rico en 1965 : "His flute and Latin Jam" avec Johnny Pacheco.

De nouveau, il côtoie le Jazz et frappe aux côtés du trompettiste, chanteur, chef d'orchestre, Clark Terry dans "Eso es Latin Jazz… Man".

En 1966 c'est aux côtés du vibraphoniste et pianiste Cal Tjader qu'on le retrouve. Il au ra l'occasion de travailler avec le percussionniste Armando Peraza.

En 1971 Carlos enregistre "Portrait of Jenny" et joue en petite formation avec le trompettiste "Dizzy" Gillespie. Il enregistre "Authority" puis "Ready for Freddy" en 1976 avec le pianiste cubain Alfredo Rodriguez et l'accompagne dans une tournée parisienne. (il enclenchera sur quelques résidences à Paris jusqu‘au début des années 80, où il donnera de nombreux master-class).

En 1977 "Patato" participe au "Descarga'77" de Cachao Lopez et au disque "Buyú" de l'ex-percussionniste de Machito, José Mangual. Au cours de cette décennie il collabore fréquemment au "Latin Percussion Jazz Ensemble" de Tito Puente au sein duquel il fait la connaissance du pianiste Roque Dalton qui l'invite pour l'enregistrement de "Rendez-vous" en 1983.

En 1986 "Patato" retrouve Mario Bauza pour l'enregistrement de "Afrocuban Jazz". Il sera présent ensuite sur les quatre dernières apparitions en studio de Mario en 1992 et 1993. En 1993 Carlos Valdès participe avec Tito Puente, Giovanni Hidalgo au disque de Hilton Ruíz, "Heroes".

En 1994 il retrouve en Allemagne un ancien compagnon de route, "Bebo" Valdés (le père de l'autre pianiste, Chucho Valdès du groupe Irakere) pour un disque où l'on peut également entendre des membres de "Irakere": "Bebo rides again".

En 1995 il s'entoure de figures historiques de la musique cubaine, comme Orestes Viltõ ou Changuito et à la fois avec de jeunes valeurs montantes tels que les musiciens Miguel "Anga" Diaz, Omar Sosa, Yosvany Terry ou Iván "Melón" Gonzalèz, pour l'enregistrement de «Ritmo y Candela – African Crossroads» qui leur vaut un Grammy Howard.

Fin des années 90, le cinéaste espagnol Fernando Trueba l'invite pour son film sur le Jazz,"Calle 54". En 2000 il participe à l'incontournable «The Conga Kings», album regroupant nombreux musiciens des caraïbes, autour des rois de la conga, Candido Camero et Giovanni Hidalgo.

A plus de soixante-dix ans, Carlos "Patato" Valdés se montre comme l'un des rouages du Latin Jazz, parmi les chefs de file de la percussion afro-cubaine, on lui attribue souvent l'invention du système de clés pour accorder les tumbadoras, en plus d‘avoir développé un style de jeu festif et puissant. Il est l'un des derniers grands héritiers des solares habaneros conquérants des scènes new-yorkaises.



© 2002-2004 Jimmy Braun

En savoir plus sur Carlos "Patato" Valdés : http://www.patato.com [Site indisponible au 01.06.2005]


Sources bibliographiques :

. Dictionnaire du Jazz, Éditions Robert Laffont.
. Les Musique Cubaine, de F – X Gomes, Éditions Librio Musique.
. Musiques Caraïbes, de Isabelle Leymarie, Éditions Acte Sud/Cité de la musique (livre + CD).
. Musiques Cubaines, de Maya Roy, Éditions Acte Sud/Cité de la musique (livre + CD).
. Ritmo Cubano, de O.Cossard et H.Oravio, Éditions la Mascara (livre + CD).
. Cuba et la musique cubaine, de Isabelle Leymarie, Éditions du Chêne (livre + CD).