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Jimmy Braun · Inscrit le: 12 May 2002 Messages: 2126 Localisation: France

[« Afro- mandinka soul – Tama-silo » Seckou Keita. | CD Audio 2006. | Label Arc Musics | Livret 20 p. (an./fr./al./es.) | LC 051111 - EUCD2028 | http://www.seckoukeita.com]

« Tama-silo », le dernier album du sénégalais Seckou Keita, place la kora dans un écrin, et plonge sa vergue entre tradition et modernité. Un disque dont l'audition se révèle totalement agréable et où le jeu des instrumentistes est à féliciter, que ce soit pour leur technique – qu’ils laissent apparaître sans arrogance – que par l’énergie présente sur les dix titres.

Une année et demie aura été nécessaire à la composition de cet album. Présentant une formation en quartet autour d’un jeune virtuose originaire de Casamance, ce disque est une petite perle dans le rayon des nouveautés « musique du monde ». « Tama-silo », qui signifie littéralement « voyage », est une louange à toutes les sortes de voyages, qu’ils soient à travers le temps ou l’espace. Seckou Keita propose de voyager dans une vision contemporaine du jeu de la kora, en apportant une qualité d’arrangement et de composition propre. Pour se faire, on retrouve le jeune musicien tantôt à la kora, au n’goni, au cajon, au djembé, au tamani, à la derbouka ou au sabar. Composé du bassiste Davide Mantovani, du batteur-percussionniste Surahata Susso et de l’excellent violoniste égyptien Samy Bishai, le quartet à géométrie variable, invite également six amis musiciens dont le joueur de riti (une viole monocorde africaine), Juldeh Camara ou la chanteuse Binta Susso. L’album est plaisant sur sa totalité, avec des airs parfois proches d’un afro-jazz accessible à l’oreille novice, mais c’est en particulier vers une musique de variété soul que la barque se dirige. Les chansons traitent des différences entre générations, des problèmes liés au choix que chacun doit faire dans sa vie quotidienne, ou rend hommage aux ancêtres, comme le titre « Keita-lu » (piste 5) dédié à Soundjata Keita (fondateur de l’Empire Mandingue) et à son père Nare Maghan.

Chaque titre a son groove et offre de belles envolées de kora. La réitération d’une écoute attentive ainsi que la lecture du livret (très complet), nous apprend aussi que l’avenir prometteur de Seckou Keita n’est pas gratuit. Les arrangements sont dans l’ensemble bien conçu, comme les échanges entre la kora et le riti, ou la profondeur du jeu des percussions sur la totalité des titres. Nominé aux World Music Awards en 2001 avec un premier album très remarqué, ce nouveau disque témoigne de l’intérêt que porte Seckou à ses origines et apporte une belle palette sonore, comme une relecture originale de ce qui est déjà présent. Un disque qui donne envie de ré-entendre des maître comme Toumani Diabaté.

© Jimmy Braun – Septembre 2006.

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