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Lucas Ciavatta | Interview

 
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Elo Barbosa
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Inscrit le: 08 Jan 2007
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MessagePosté le: 25 Jan 2007 23:13    Sujet du message: Lucas Ciavatta | Interview Répondre en citant

Musicien polyinstrumentiste d'origine brésilienne, Lucas Ciavatta est aussi un pédagogue au sens large du terme. Membre de plusieurs groupes, professeur et tantôt intervenant dans des projets culturels, il travaille depuis plusieurs années sur le projet « O Passo » (littéralement, le pas, en brésilien), dont un DVD en présente l'essence et la direction. Nous donnant comme message principal que quel que soit notre instrument, nous avons besoin d’être rythmicien, l’apprentissage y est basé sur une marche cyclique qui aide à se dessiner mentalement une “carte” de la musique que l’on est en train de jouer, et ainsi mieux visualiser le temps musical.


Comment avez-vous commencé la musique ?

En réalité, je me suis inventé musicien ! Mon expérience antérieure à la musique est variée, mais est toujours liée aux arts en général. A un moment de ma vie, j’ai eu une intuition selon laquelle la musique est de tous les champs artistiques le plus vaste, et que c’était sur celui-ci que je voulais me concentrer. Mais au fond tous les champs sont vastes.


Quel évènement aura marqué votre apprentissage ?

Je vais vous en citer deux. Le premier fait marquant remonte au jour où j’ai joué de la trompette. J’ai eu une sensation merveilleuse en produisant un son et en vibrant avec l’instrument. Un coup de foudre ! Le second a été ma rencontre avec le Professeur Silvio Mehry, dont j’ai été l’élève en “Hartec” (une discipline qui enseigne l’harmonie avec des notions de base au clavier.). Je m’en souviens comme si c’était hier ! Il m’a invité pour être son assistant et je ne pensais pas réussir ce pari, mais il m’a soutenu et me disait : “Tu vas y arriver. Sois en sûr.”. C’est à partir de ce moment-là que je suis devenu professeur.





Quel a été votre premier instrument ?

La guitare, puis le piano, que j’ai étudié un certain temps, et enfin la trompette, qui est un instrument qui fait partie de mon quotidien. Mon arrivée dans le monde des percussions coïncide presque avec le projet de la méthode “O passo”. Avec le recul, je m’aperçois que c’est seulement à partir de ce moment, avec l’application de la méthode et la pratique de la percussion, que j’ai vraiment commencé à progresser avec les autres instruments. Aujourd’hui, je joue de la guitare pour bercer mes filles, j’utilise le piano pour composer et faire des arrangements, et je joue de la trompette dans le trio instrumental “Tríptico”. Au niveau de la percussion, je dirige le “Bloco do Passo” et le “Batucantá”, deux groupes de percussions et voix.


Avez-vous fréquenté le conservatoire ?

Non ! Toute ma formation musicale, avant mon cursus universitaire, est passée par des cours particuliers.


La culture populaire carioca (1) vous a-t-elle bercé ?

Aujourd’hui, avec du recul je dirais que oui. A la base de ma formation se trouve l’Académie. Bien sûr, je suis arrivé au sein de l’Académie en ayant entendu et dansé sur la musique populaire. Depuis que je suis entré dans le monde de la percussion, j’ai multiplié les contacts avec la musique populaire, et sans aucun doute, la personne la plus importante au sein de ce processus est Mestre Odilon, qui m’a beaucoup appris (et m’apprend encore). Il m’a ouvert les portes de la bateria (2) de Grande Rio. C’est à partir de là que j’ai commencé à m’intérresser de près au Maracatu, au Boi, au Candomblé, au Pagode, au Forró. En un mot, à tout ce qui mèle la danse et la musique.




Qu’est-ce que la méthode O Passo ?

O Passo (le Pas) est une méthode d’éducation musicale que j’ai créée et qui aujourd’hui est utilisée au Brésil comme à l’étranger. L’apprentissage y est basé sur une marche cyclique qui aide à dessiner mentalement une “carte” de la musique que l’on est en train de jouer, et qui nous aide donc à visualiser le temps.

C’est comme si on marchait littéralement sur la musique, comme si on parcourait un “espace musical”. Cela permet un apprentissage extrêmement solide, où l’on n’apprend pas uniquement à jouer, mais aussi à comprendre ce que l’on joue. Tout devient plus simple, pour l’improvisation, la composition, ou l’écriture.

S’il n’y avait pas eu quelques jeunes fous de neuf ans pour expérimenter avec moi cette méthode, O Passo n’existerait probablement pas aujourd’hui. Celle-ci puise sa source et a été créée dans des salles de classe – jour après jour. Beaucoup d’action et de réflexion jaillissaient de notre esprit. J’étais déterminé à jouer avec mes élèves de la “musique pour de vrai” ! Je voulais en finir avec cette idée selon laquelle on ne produisait que de la musique « fragile » et « insipide » à l’école. Une musique qui ne pourrait survivre au sein du monde extérieur. Le propos est aussi d’en finir avec ce dualisme selon lequel celui qui sait jouer de la musique sort soit d’une école ou a appris dans une roda de samba (3).


Et qu’en est-il de ceux qui ne fréquentent ni l’un, ni l’autre ?

Imaginez-vous si l’on avait pensé les mathématiques de la même façon ! Il faut en finir avec cette idée qui fait de la musique un don attribué dès la naissance. Nous tous, professeurs de musique, au fond, nous comptons avec ce fameux “don” dans un moment décisif. Je vois là un problème de fond que rencontre bon nombre de professeurs de toutes disciplines : l’enseignement suppose t-il que l’élève connaisse ce qu’il s’est déjà fait avant ? Et s’il n'y connait rien? Je cherche, et je crois avoir réussi à ne pas partir de ce postulat ; pour moi sa formation s’appréhende comme un tout. Généralement, je ne me demande pas quel est son degré de connaissance, je lui demande juste qu’il réalise quelque chose qui lui donne la certitude qu’il sait. La musique c’est nécessairement de l’action ! Si tu ne fais pas ainsi, si tu ne balaies pas la discipline depuis le début, en enlevant les doutes les plus élémentaires, alors s’insèrent vite des lacunes dans l’apprentissage, des petits détails qu’on oublie, et qui à un moment donné manqueront à un tel point qu’ils entraveront la progression.

O Passo évoque cette base. Il parle de la consolidation d’un socle à partir duquel faire de la musique est rendu possible. A mon sens, c’est la raison pour laquelle la méthode a séduit des gens différents, aussi bien des directeurs d’orchestre que des maîtres d’école de samba.


O Passo est aussi une méthode d'éducation musicale, et à ce sujet que pensez-vous de l'accès à l'éducation musicale au Brésil ?

Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine ! Notamment dans la promotion de l’accès à l’éducation musicale. Nous sommes conscients qu’il existe encore des processus d’apprentissages totalement insuffisants. Il est en ce sens, bien plus utile parfois d’aller au cinéma ou à la plage. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse ici d’un problème typiquement brésilien. A la question « La musique est-elle fondamentale ?”, je dirais oui ! Sans l’ombre d’un doute ! Mais encore faut-il être attentif à l’approche que nous en avons.


Existe-t-il encore une grande distinction entre culture érudite et culture populaire ?

Oui. Et nous avons tout à y perdre dans cette distinction. La culture érudite pense ne pas avoir besoin du corps, et la culture populaire de l’esprit. Et pourtant, elles intègrent toutes deux ces composantes sans pour autant en être conscientes. Elles les sous-estiment. Des grands musiciens, comme Villa Lobos (4), ont toujours su qu’il réside une infime frontière entre les deux...


Que propose O Passo en ce qui concerne le rôle des professeurs de percussion et de musique ?

O Passo propose aux professeurs de musique de ne plus appréhender la percussion comme une fin (être percussionniste), mais comme un moyen (être rythmicien). Il affirme que nous devrions tous apprendre la percussion. Quel que soit notre instrument, nous avons besoin d’être rythmicien et des personnes qui sont familiarisées avec le rythme (qui se trouve partout dans notre vie, dès la naissance ; ndlr). Pourquoi apprendre le rythme assis, en frappant un stylo sur une chaise, alors que l’on peut tous vivre une expérience unique dans un cours de percussion ? Il y a là un infime mais déterminant détail : si l’apprentissage de la percussion se base sur l’imitation, cette activité servira bien peu au musicien qui voudra apprendre le samba par exemple. Il faut non pas apprendre pour « simplement le jouer », mais « comprendre comment le samba peut l’aider à jouer mieux d’autres choses ». O Passo marche dans cette direction.




Et quant aux élèves ? ...

L’élève est peut-être celui qui saisit le plus rapidement ce que O Passo peut lui proposer de différent. Un élève qui sait déjà jouer un certain nombre de choses, mais ne comprend pas ce qu’il joue, tôt ou tard se demandera : « Pourquoi je peine à jouer ceci alors que je sais déjà jouer cela ? ». Cette question n’émerge pas dans le chemin tracé par O Passo, car l’exécution et l’analyse n’y font qu’une. Ainsi, jouant avec le swing et en comprenant les éléments qui composent cette exécution, cet apprentissage mène vers un autre. Ce que tu apprends ici t’aidera là-bas !

Il peut arriver qu’un élève peine avec la méthode. Pour cet élève, il sera difficile de déterminer seul que ce problème était antérieur. O Passo n’agit ici que comme un révélateur. Imaginons par exemple un élève qui joue le contretemps. Son corps reste immobile et c’est pour cela qu’il ne visualisera pas la différence entre temps et contretemps. Les deux s’analysent de la même façon pour celui qui ne bouge pas avec son corps. Il s’agit d’une expérience facile à faire : demandez à quelqu’un de jouer des variations sur le temps, puis sur le contretemps. Sans le mouvement corporel, il est impossible de déterminer s’il joue l’un ou l’autre. Mais alors, comment l’élève qui se trompe réussit-il à jouer avec celui qui ne se trompe pas ? C’est simple ! Si les deux restent immobiles, il n’y a aucune différence, et celui qui est dans l’erreur n’est pas guidé par l’ensemble, il entend juste ce qui est correct et le suit. Quand il franchit le Pas, ou il marche vers ce qui est juste, ou il peine. Le Pas demande de l’autonomie.


Pourquoi la méthode suggère-t-elle d'écrire les rythmes de tradition orale, tel le samba ?

Merci pour votre question, elle est très importante. Il y a sur ce point une grande confusion. Premièrement : tout le monde écrit. Du calme ! J’utilise le terme écriture dans son sens le plus large. Le Pas travaille l’annotation graphique, comme l’annotation orale et corporelle (soit l’interaction entre ces trois types d’annotation constitue sans doute la clef de voûte et la plus grande force de la méthode). Prenons un musicien que nous considèrerions normalement comme un « analphabète musical ». Pour jouer la plus simple des mélodies, il a besoin de savoir quelles notes il joue. Il saura te dire desquelles il s’agit sans qu’il sache pour autant les écrire corporellement. Il pourra par exemple te les montrer en prenant la guitare. Il écrit corporellement ces notes. Pour comprendre ici à quel point ce que je raconte n’est pas trivial, il faut garder à l’esprit que sans la guitare, il ne serait pas à même de te dire quelles notes il joue.


Il y a aussi ceux qui n’écrivent pas, mais qui pourront te dire quelles notes ils jouent en disant : « seconde case, troisième corde… », ou alors « mi, puis, do… ». Ils écrivent oralement comme les musiciens de Maracatu te disent “D, D, G, D, G, D, G, G, D, D, G, D” pour le rythme de l’alfaia (5). Ils utilisent « D » pour la main droite et « G » pour la main gauche. La phrase « telecoteco » du samba est pratiquement écrite. Il y a des variations entre les écoles de samba, mais elles sont très minimes en fin de comptes. Faites l’expérience d’arriver dans une école de samba, croyant vous plonger au coeur d'une culture basée sur l’oralité, et présentez votre version du « telecoteco ». Tout ceci débouchera sur de l’indignation. C’est comme si tout ceci était déjà écrit. Et il l’est ! Il faut arrêter de penser que la seule annotation graphique vient fixer la musique. Ce qui la fixe, c’est notre façon de l’affronter. Celui qui de nos jours joue une sonate de Beethoven sait, ou devrait savoir, que la partition n’est qu’un guide, et qu’il faut prêter plus attention à la tradition orale pour l’interpréter au mieux.




Corps et esprit : quelle relation entretiennent-ils pour vous?

Ils sont inséparables, bien que nous n’ayons pas conscience de cela. Aucun d’entre nous ne se souvient de comment il a commencé à se brosser les dents. A un moment, chacun d’entre nous a fait un grand effort corporel et mental jusqu’à pouvoir dire : « je me suis brossé les dents tout seul ! ». Nous avons oublié tout cela et nous continuons à nous brosser les dents comme si cette activité n’était que corporelle. Jusqu’au jour où nous nous rendons chez le dentiste, qui nous dit « vous ne vous êtes pas brossé les dents correctement ! »


Et c’est là que l’on doit réapprendre, et la seule solution est de solliciter l’esprit dans ce processus. Dans la musique, c’est la même chose, quand tu es en « mode automatique », la qualité risque de baisser énormément. Il est clair que de nombreuses choses doivent êtres automatisées, ne serait-ce que pour que l’esprit puisse se concentrer d’autres questions tout autant liées à l’exécution. Je ne parle pas de penser à sa liste de course pendant qu’on joue !


O Passo propose un apprentissage simultané de la percussion et du chant ?

O Passo ne suppose pas nécessairement une simultanéité. On voit passer des gens qui présentent de grandes facilités rythmiques, mais de grandes difficultés dans la justesse du chant. Ou le contraire. Ce que le Pas propose, c’est de résoudre la question rythmique, ou de l’entreprendre. Tout le processus de justesse n’en sera que facilité.


Pour élaborer O Passo, vous vous êtes livré à une recherche universitaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le Master en éducation que j’ai passé à l’Université Fédérale Fluminense en 2000, sous l’orientation du Professeur Dominique Colinvaux a été déterminant dans la conception de O Passo. Bien que l’idée ait surgi bien avant. J’ai commencé à le penser en 1996. En 2000, toutes les bases étaient jetées. J’ai entrepris ce Master pour les étudier. Je donnais déjà des cours de formation pour professeur depuis 1997. Mais ma compréhension de ce que j’implantais était relativement limitée. A partir du Master, j’ai pu identifier les 4 axes de O Passo :

    - le corps, que l’on entend ici pas seulement comme un accessoire de l’esprit, mais plutôt comme une unité autonome de construction de savoir,

    - la représentation, c'est à dire penser toutes les références externes et internes qui nous guident dans nos réalisations

    - le groupe, considérant l’individu comme un résultat de son interaction avec le groupe et comprenant que la force du groupe vient de la force de chaque individu

    - la culture, ce que nous sommes a une histoire propre, un contexte. Tout ceci a été essentiel pour le développement de la compréhension du processus et aussi pour rendre viable tous les pas à venir.



Quels projets artistiques ont utilisé la méthode ? Et est-elle applicable à différents domaines artistiques ?

Après dix ans de travail sans relâche, j’ai la sensation qu’on commence à peine à identifier les ponts possibles entre O Passo et les autres disciplines. Peut-être parce qu’il rappelle à l’ordre du jour une façon de faire la musique qui, pour moi, a été oubliée par notre culture de racine européenne. Ou alors, parce qu’il travaille dans la même direction que ces autres disciplines. Dans d’autres cultures, la musique a su conserver la force et l’importance qu’elle a indubitablement perdues dans la nôtre.

Plusieurs groupes ont utilisé O Passo : Monobloco, Quizomba, Bangalafumenga, Empolga às 9, pour ne citer qu’eux. Au sein de ces groupes, la méthode a été très importante dans la construction de références claires pour les batuqueiros (6). Une utilisation très intéressante, mais encore limité, car certains ne se sont pas aperçus, que, au-delà de l’aide à la lecture et à l’écriture, O Passo est un outil pour jouer avec plus de précision et de conscience. Ainsi, faudrait-il également l’utiliser au moment de jouer, et pas seulement pour étude. Il y a également tout un travail du son et de la justesse qui doit avoir lieu si l’on veut penser à une formation musicale plus complète. En ce sens, les groupes Bloco do Passo et Batucantá, que je dirige, marchent dans une direction quelque peu différente. La percussion et le chant ne sont pas vus comme une fin en soi, mais comme un moyen de faire toujours plus de musique dans des lieux et formats différents. O Passo ouvre un champ de recherche musicale important.


Chanter et jouer de la musique en découpant cinq temps dans un phrasé rythmique et mélodique est très difficile. Il s’agit pourtant de quelque chose que nous réalisons avec une relative facilité, mais qui serait impossible sans O Passo.


Dans une interview que Pedro Luís m'a accordée, il voit le “Passo” comme “une méthode qui peut sauver les incurables, c'est à dire les personnes qui rencontrent de grandes difficultés dans l'apprentissage du rythme”. Qu'en pensez-vous ?

Je suis entièrement d’accord ! Il a été très intéressant de voir que les « incurables » sont beaucoup plus nombreux qu’on l’imaginait. Quand nous pensions aux incurables, on pensait de suite à ces personnes sans coordination, qui tentaient et n’arrivaient pas à jouer quoi que ce soit. A ce type de personne, pourvu qu’il comprenne ce que la méthode a à lui proposer, l’apport sera grand et il va vraiment en profiter. Mais si on pense à quelqu’un qui joue déjà bien, mais qui a quelques faiblesses ici et là…si on lui change quelque peu la phrase, il va peiner. N’est-ce pas un autre incurable ? O Passo a aussi des réponses à lui apporter.


O Passo a-t-il déjà été appliqué à l'étranger ?


En 2005, je suis allé au Etats-Unis donner un cours aux professeur du Westminster Choir College, à Princeton, New Jersey. J’ai été invité par le Professeur Frank Abrahams que j’ai connu ici à Rio à l’école Oga Mitá. En 2006, je suis allé à Arles pour dispenser un cours aux Studios de Cirque de Marseille. Je dois retourner aux Etats-Unis cette année (2007, ndlr). Il est important de mentionner le contact intense que j’ai eu avec les musiciens français au sein du cours de Perfectionnement en Percussion et Rythme Brésiliens que je coordonne avec Celso Alvim, Marcos China et Gilbert Carreras ici à Rio. Il est toujours très intéressant de voir comment dans toutes ces expériences, au Brésil ou à l’étranger, les réponses se répètent. Le concept de position, qui montre que ce qui importe, ce n’est pas la durée de la note, mais de sa localisation dans le temps - dans « l’espace musical » - est un concept réellement innovant. Le Professeur Abrahams parle de la façon dont O Passo permet de travailler la musicalité, et ce, indépendamment du projet musical que l’on a. Cette compréhension a permis à la portée de O Passo d’être de plus en plus grande.


Pouvez-vous nous évoquer le projet Trans Sud Amérique ?

Il s’agit d’un projet du chorégraphe français Jean-Jacques Sanchez qui est en court de création et avec lequel je garde contact. Nous avons déjà fait des choses ici au Brésil, comme en France. Ce projet compte aussi sur la participation de la danseuse brésilienne Ana Gabriela Castro et du musicien français Christophe Rodomisto. C’est une recherche sur les relations entre la musique et la danse. Entre écriture et improvisation.


Quels sont vos projets actuels ?

Nous avons un projet de diffusion, qui concerne les cours au Brésil comme à l’étranger. Plusieurs professeurs comme Gabriel Aguiar, Marcelo Sant’anna et Felipe Reznik sont actuellement spécialisés dans O Passo, en ne le considérant plus comme un outil, mais comme « L’Outil ». Ils ont créé des groupes comme le Bloco do CEAT et da Pequena Cruzada qui ont joué un rôle très important dans ce processus. Nous entreprenons, depuis deux ans, un travail spécial avec des délinquants mineurs dans une prison ici à Rio. Quel défi de rendre important l’étude de la musique pour des personnes, qui, souvent, n’accordent même plus d’importance à leur propre vie ! Difficile, mais enrichissant. Et nous apprenons beaucoup. Il y a aussi la diffusion des travaux réalisés par Bloco do Passo et Batucantá. La qualité et la maturité de ces deux groupes ont beaucoup aidé dans la mise en valeur du champ des possibilités de la méthode.

Nous préparons aussi un nouveau livre, suite à la publication de ‘O Passo – la pulsation et l’enseignement-apprentissage de rythmes ». Un dépliant qui s’intitulera : « les Pas de O Passo », plus pratique et qui englobera aussi tout le travail avec la justesse, qui ne figurait pas dans le premier ouvrage.


Comment faire grandir O Passo ?

Je me plaîs à dire que O Passo mène déjà sa propre vie. Il y a des gens qui l’utilisent et que l’on ne connaît même pas. On sait d’où il vient, maintenant, ce qui importe, c’est que les gens commencent rapidement à l’appliquer dans leurs cours.

De là à connaître parfaitement la méthode, il y a un monde, mais il est possible de rapidement l’implanter et cheminer avec. C’est fondamental. La meilleure façon de faire grandir O Passo est de l’étudier, le développer, et l’utiliser en se l’appropriant chaque fois plus.


Un message pour nos lecteurs, élèves, professeurs ou amoureux de la culture brésilienne ?

Le message est: venez ! Approchez ! Ca en vaut la peine. La richesse est incroyable. Eparpillés au quatre coins du Brésil, vous trouverez d'innombrables maîtres au savoir riche. Mais n'oubliez pas que dans la culture populaire, le mouvement corporel fait partie du rythme. “Je ne sais jouer qu'immobile!”, ça n'existe pas! Soyez bien attentifs aux créations de ces maîtres. Qu'ils écrivent ou non, ne seront créateurs que ceux qui ont conscience de ce qu'ils font. Um grande abraço.

Obrigada !

A você também!

© Elodie Barbosa Boëne - Février 2007 (Interview et traduction)


. Lucas Ciavatta | Entrevista (versão brasileira)




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Vicente
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MessagePosté le: 12 Feb 2007 17:46    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe article, merci !
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Nikko
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MessagePosté le: 12 Feb 2007 20:36    Sujet du message: Répondre en citant

Oui très interessant article Smile qui stimule ma curiosité.
Cool
Je me languis de decouvrir ce projet. Wink
A dopu

Stay in Groove!



Nikko
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geraldodeoliveira
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MessagePosté le: 13 Feb 2007 5:09    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent article ! I know lucas... He is a wonderful educator, fantastic musician and a little bit of a genious.
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La Gerboise
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Inscrit le: 13 Feb 2007
Messages: 1

MessagePosté le: 13 Feb 2007 9:43    Sujet du message: Besoin d'éclaircissement Répondre en citant

Je n'ai pas très bien compris l'originalité de la méthode O Passo.

J'ai reçu une formation dite classique et certes il y avait un certain dictat de la partition, mais c'était pour mieux le transgresser...

En fait j'ai plus l'impression d'avoir appris à respirer et à écouter que de lire une partition.

Donc si on peut m'éclairer merci !

Et merci pour l'article qui m'a rappelé mes cours de solfège (pardon formation musicale).

A bientôt
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Vicente
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Inscrit le: 16 Dec 2006
Messages: 28

MessagePosté le: 13 Feb 2007 17:29    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour La Gerboise,

Au Brésil comme dans beaucoup de pays (Afrique, Inde, ...), la musique et les arts en général se transmettent principalement par tradition orale. En musique, cela pose un problème conséquent pour qui n'a pas de sens inné de la rythmique.

J'ai rencontré Lucas plusieurs fois à Rio et en France et je me souviens l'avoir entendu raconter qu'une fois, il avait été convié à une répétition du groupe Ilé Ayé à Salvador de Bahia. Le mestre de bateria (directeur musical) était en train de proposer une phrase rythmique au groupe et cela sans aucun repère temporel. Ceux qui connaissaient déjà les articulations rythmiques utilisées ont compris, mais les autres non. Le directeur a donc répété sa phrase, puis devant l'incompréhension générale est passé à autre chose.

L'apprentissage que propose Lucas permet de passer outre ce problème car il est axé sur la compréhension d'une phrase rythmique par rapport au temps de la mesure sur laquelle cette phrase est jouée. Tu marques le temps avec les pieds et tu chantes puis tu tapes dans tes mains la phrase, jusqu'à comprendre parfaitement l'articulation, sans risquer de le prendre à l'envers.

Ici en france, la plupart des écoles fonctionnent déjà sur ce principe, de ce fait je comprends que tu ne trouves pas ça très original, mais au Brésil comme partout ce travail permet même au plus arythmique de comprendre et progresser. D'ailleurs sa méthode est particulièrement bien faite et son livre est une mine d'enseignements.

@+

Vincent
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Lucas Ciavatta
Utilisateur peu actif (occasionnel)


Inscrit le: 15 Feb 2007
Messages: 1
Localisation: Brésil

MessagePosté le: 15 Feb 2007 21:54    Sujet du message: Re: Besoin d'éclaircissement Répondre en citant

La Gerboise a écrit:
Je n'ai pas très bien compris l'originalité de la méthode O Passo.

J'ai reçu une formation dite classique et certes il y avait un certain dictat de la partition, mais c'était pour mieux le transgresser...

En fait j'ai plus l'impression d'avoir appris à respirer et à écouter que de lire une partition.

Donc si on peut m'éclairer merci !

Et merci pour l'article qui m'a rappelé mes cours de solfège (pardon formation musicale).

A bientôt


La Gerboise,

A originalidade d’O Passo está em articular e utilizar simultaneamente notações corporais, orais e gráficas. O Passo propõe um andar em ciclos que reproduz a estrutura (pulsos e compassos) da música que está sendo tocada, propõe então que se localize neste movimento o lugar de cada nota tocada, depois que se nomeie cada lugar identificado e se escreva o nome de cada um destes lugares. Até onde eu sei (e nesse ponto discordo inclusive de meu amigo Vincent) isto é uma novidade no Brasil, nos EUA e mesmo na França. Aqui e ali, uns fazem uma coisa ou outra, mas, até onde eu vi, ninguém percebeu com tanta clareza a necessidade de utilizar todos estas ferramentas simultaneamente e de forma articulada.
O Passo não tem como objetivo principal ensinar a ler. Até porque, da forma como encaramos esta questão, todos os músicos lêem. Alguns utilizando notações gráficas, alguns notações orais e alguns notações corporais. O Passo quer muito mais propor uma maneira de entender a organização que sustenta o fazer musical baseado sobre pulsações. A notação gráfica é apenas um meio de ajudar na compreensão desta organização. N’O Passo, ao utilizarmos também as outras formas de notação, todas as referências são utilizadas para a compreensão e a realização musicais. Isto tem feito com que, através d’O Passo, mestres de escola de samba comecem a escrever e músicos eruditos comecem a suingar.

Visite o site www.opasso.com.br (em francês). Veja se há lá algumas outras informações que te aproximem das perguntas e respostas d’O Passo e vamos nos falando.

Um abraço,
Lucas Ciavatta
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Elo Barbosa
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Messages: 10

MessagePosté le: 15 Feb 2007 22:06    Sujet du message: Répondre en citant

Petite traduction de la réponse de Lucas Ciavatta : Happy

"L’originalité de O Passo est d’articuler et d'utiliser simultanément des annotations corporelles, orales et graphiques. O Passo propose une marche cyclique qui reproduit la structure (pulse et cycle) de la musique que l’on en train de jouer. Il propose en outre qu’on situe dans ce mouvement la place de chaque note jouée, après les avoir nommées et écrites.

Pour autant que je sache, et, en ce sens je ne suis pas du tout d’accord avec mon ami Vincent, tout ceci constitue une grande nouveauté au Brésil, aux Etats-Unis et même en France. Ici et là, il y aurait des initiatives presque similaires, mais personne n’avait encore perçu avec autant de clarté la nécessité d’utiliser tous ces outils simultanément et en les articulant ensemble.

O Passo n’a pas pour objectif principal d’apprendre à lire. Ceci parce que, pour nous, tous les musiciens savent lire. Certains utilisent des annotations graphiques, et d'autres, des annotations corporelles. O Passo, quant à lui, entend proposer bien plus qu'une façon de comprendre l'organisation sur laquelle repose le "faire musical", basée sur des pulsations.

L'annotation graphique n'est qu'un moyen d'aider à la compréhension de cette organisation. Dans O Passo, en utilisant également les autres formes d'annotations, toutes les références sont utilisées pour la compréhension et les réalisations musicales.

Voici pourquoi, avec O Passo, des mestres d'école de samba commencent à écrire, et des musiciens érudits commencent à swinguer.

Je t'invite à visiter www.opasso.com.br (en français). Peut-être y trouveras-tu d'autres informations qui peuvent t'aider à répondre à tes questions sur O Passo. Gardons le contact.

Um abraço,
Lucas Ciavatta
"


Dernière édition par Elo Barbosa le 24 Feb 2007 10:37, édité 1 fois en tout
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Vicente
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Messages: 28

MessagePosté le: 16 Feb 2007 17:31    Sujet du message: Re: Besoin d'éclaircissement Répondre en citant

Lucas Ciavatta a écrit:

La Gerboise,

A originalidade d’O Passo está em articular e utilizar simultaneamente notações corporais, orais e gráficas. O Passo propõe um andar em ciclos que reproduz a estrutura (pulsos e compassos) da música que está sendo tocada, propõe então que se localize neste movimento o lugar de cada nota tocada, depois que se nomeie cada lugar identificado e se escreva o nome de cada um destes lugares. Até onde eu sei (e nesse ponto discordo inclusive de meu amigo Vincent) isto é uma novidade no Brasil, nos EUA e mesmo na França. Aqui e ali, uns fazem uma coisa ou outra, mas, até onde eu vi, ninguém percebeu com tanta clareza a necessidade de utilizar todos estas ferramentas simultaneamente e de forma articulada.
O Passo não tem como objetivo principal ensinar a ler. Até porque, da forma como encaramos esta questão, todos os músicos lêem. Alguns utilizando notações gráficas, alguns notações orais e alguns notações corporais. O Passo quer muito mais propor uma maneira de entender a organização que sustenta o fazer musical baseado sobre pulsações. A notação gráfica é apenas um meio de ajudar na compreensão desta organização. N’O Passo, ao utilizarmos também as outras formas de notação, todas as referências são utilizadas para a compreensão e a realização musicais. Isto tem feito com que, através d’O Passo, mestres de escola de samba comecem a escrever e músicos eruditos comecem a suingar.

Visite o site www.opasso.com.br (em francês). Veja se há lá algumas outras informações que te aproximem das perguntas e respostas d’O Passo e vamos nos falando.

Um abraço,
Lucas Ciavatta


Oi Lucas,

O que eu queria falar, como te falei a primeira vez que a gente se encontrou no Rio, é que ao contrario do que você me contou que acontece geralmente no Brasil e nos pais onde a tradição oral é a mais usada, aqui na França varias escolas que ensinam o samba usam essa base de andar no tempo pra fazer o iniciante entender bem a sequencia ritmica, foi assim que eu apprendi e que eu continuo aprendendo.
Mas eu entendi e você tem razão que a originalidade d'O Passo é usar os 3 meios simultaneamente, porque é importantissimo, pra quem quer aprender a musica, sentir ela no corpo. Como você falou, dae vem o suingue... O Celinho Barros, cuando ele fez a oficina de pandeiro pra nois, insistiu muito nisso.
Aprender a ler e escrever a musica é muito interesante, mas acredito que é mais pra puder lembrar das coisas que pra sentir a musica mesmo. Ja vi musicos tocar so com partituras, e eles ficam até "escravos" delas.
Até penso que o mais interesante no seu methodo é a simplicidade mesmo do seu jeito de ensinar. Falo simplicidade pra quem recebe, mas sei que pra você foi um trabalho enorme durante varios anos de criar esse methodo. Começar com uma base boa que leva cada um, até o mais aritmico, até conseguir o que ele talvez nunca conseguiria numa escola classica, isso concordo que sem duvida nenhuma é por enquanto unico no mundo.
Lembro do show do Bloco do Passo e Batucanta no Teatro Sergio Porto e fiquei super impressionado do monte de coisas que esse trabalho pode dar. To impatiente de estar no Rio de novo pra ver a evolução, e acho que seria super interesante pra galera daqui ver esse trabalho ao vivo...
Quem sabe, talvez podemos tentar organizar uma oficina e um show de vocês aqui em Toulouse... Seria legal a toa!

Obrigado pela sua vontade, a sua energia e a sua gentileza.

Abraços e até breve.

Vicente


En français maintenant Poke Tounge

Bonjour Lucas,

Ce que j'ai voulu dire, comme je te l'ai dit quand nous nous sommes rencontrés la 1ère fois à Rio, est qu'au contraire de ce que tu m'a dit qu'il se passe généralement au Brésil et dans les pays ou la tradition orale prédomine, ici en France la plupart des écoles qui enseignent le samba utilisent cette base de marcher sur le temps pour que le débutant comprenne bien la séquence rythmique, c'est comme cela que j'ai appris et que je continue d'apprendre.
Mais j'ai compris que l'originalité d'O Passo est d'utiliser les 3 moyens simultanément, parce qu'il est des plus important, pour qui veut apprendre la musique, de la sentir dans le corps. Comme tu l'as dit, de la vient le swing. Celinho Barros, quand il nous a fait le stage de pandeiro, a beaucoup insisté là-dessus.
Apprendre à lire et écrire la musique est très intéressant, mais je crois que c'est valable plus pour se souvenir de ce qu'on joue que pour sentir la musique à proprement parler. J'ai déjà vu des musiciens ne jouant qu'avec des partitions et ils sont presque "esclaves" d'elles.
Je pense également que le plus intéressant dans ta méthode est la simplicité de ta manière d'enseigner. Je dis simplicité pour qui reçoit l'enseignement, car je sais que pour toi cela a été un travail énorme pendant des années de créer cette méthode. Commencer sur une bonne base qui amène chacun, y compris le plus arythmique, à réussir ce qu'il ne réussirait peut-être pas via une école classique, je suis d'accord que sans l'ombre d'un doute c'est pour l'instant unique au monde.
Je me souviens du concert du Bloco do Passo et Batucanta au théâtre Sergio Porto et j'avais été très impressionné par le nombre de chose que ce travail peut amener. Je suis impatient d'être à nouveau à Rio pour voir l'évolution et je trouve qu'il serait très intéressant pour les gens d'ici de voir ce travail en live...
Qui sait, on peut peut-être essayer d'organiser un stage et un concert ici à Toulouse... Ce serait trop bon!

Merci pour ta volonté, ton énergie et ta gentillesse.

@ bientôt,

Vincent
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Elo Barbosa
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MessagePosté le: 22 Feb 2007 16:23    Sujet du message: Lucas Ciavatta et Grande Rio au Carnaval Répondre en citant

Bonjour,
Tandis que l'effervescence du carnaval s'éloigne du Sambodrome, un petit mot pour vous annoncer les résultats du groupe spécial des écoles de samba de Rio de Janeiro.
Sans grande surprise, arrive en tête Beija-Flor. Elle est suivie dans le classement par Grande Rio, la seule école qui a obtenu la note de 10/10 pour la percussion et où a défilé...Lucas Ciavatta.

Plus d'infos: http://liesa.globo.com/
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