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Pedro Luís | Interview

 
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Elo Barbosa
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Inscrit le: 08 Jan 2007
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MessagePosté le: 01 Mar 2007 16:54    Sujet du message: Pedro Luís | Interview Répondre en citant

Brazilian batucada with rock'n roll pressure

1990: dans le sillage de l'album "Olho de Peixe", collaboration entre Marcos Suzano et Lenine, la percussion brésilienne est moteur d'effervescence culturelle. A Recife, Salvador, São Paulo ou Rio. Telle un caméléon, elle se glisse dans les interstices des rythmes traditionnels et se dévoile dans un métissage osé, jusqu'à donner naissance à une pléthore de nouveaux styles. Matisses pop, teintes électro, touches rock flirtent désormais impunément avec samba, maracatu, afoxé ou samba-reggae.

Pedro Luís est le leader du groupe "Pedro luís e a Parede", qui s'est formé dans cette mouvance en 1996. Sa rencontre avec C.A. Ferrari (percussion), Sidon Silva (percussion), Celso Alvim (percussion) et Mário Moura (basse) témoigne d'une envie commune de revisiter le répertoire de la musique carioca. De concerts en concerts, un succès fulgurant les amène vite à signer avec la Warner: en 1997 sort leur premier album, Astronauta Tupy.

Si aujourd'hui, après l'enregistrement d'un disque commun, Vagabundo, c'est aux côtés de Ney Matogrosso qu'ils se produisent, Pedro Luís e a Parede n'ont en rien oublié leurs premières amours percussives. Ces melting potes sont aussi à l'origine de Monobloco, agglutinant amateurs et professionnels, et qui vient inaugurer dans une fièvre populaire la saison du carnaval de Rio.



Quand as-tu commencé ta carrière musicale ?

Je ne m’en souviens même plus ! Je travaille avec la musique depuis bien longtemps, depuis que j'ai 15-16 ans. J’ai commencé à faire des choses plus professionnelles à mes 20 ans. Mais l’évènement le plus marquant dans mon parcours est la rencontre avec mes amis de la Parede, avec qui je travaille depuis 1996. Nous nous sommes connus en 1992. On faisait alors tous des choses différentes, et naturellement, on a improvisé cette formation. Une formation bien particulière que l’on a d’emblée qualifiée de « mobile ».

Il s’agit de trois percussionnistes, Celso, Sidon et C.A. Ferrari avec des sets de percussions « caméléon », moi-même à la guitare et au chant lead, et Mario à la basse. On a voulu créer quelque chose de très souple où l’on peut facilement évoluer et bouger avec le public. Voici ce qui nous caractérise aujourd’hui depuis plus de 10 ans. C’est un travail qui s’est développé et qui a abouti sur d’autres projets comme le Monobloco. Un projet important aujourd’hui à Rio de Janeiro et qui est né d’ateliers de percussions que l’on a commencé à donner.


Comment as-tu rencontré la Parede ?

Tous les membres de la Parede, à l’exception de Celso, jouaient déjà avec moi dans un projet autour de la chanteuse Arícia Mess. J’avais en charge la direction musicale. C’est alors qu’on a commencé à développer un travail autour de percussions brésiliennes, dans une optique pop.

Les années 90 ont été décisives, on a alors vu se développer une grande effervescence autour de notre travail. Et c’est aussi à ce moment qu’est sorti le CD « Olho de Peixe », de Marco Suzano et Lenine. Un tournant pour la percussion brésilienne : elle sort alors de l’ombre, se dévoile au grand jour. Il faut aussi évoquer, dans cette perspective la formation du groupe Chico Science e Nação Zumbi, parmi tant d’autres groupes de Recife, comme le boulot abattu par Carlinhos Brown, à Bahia, avec Timbalada et toute sa propre histoire en tant que percussionniste et compositeur…Autant de musiciens, qui, à cette époque, ont su accorder de l’importance à la percussion. Tout ceci a été très positif à ce moment-là pour nous.

On s’est connu comme ça, autour du travail d’Arícia, puis nous avons décidé de nous réunir autour de mes chansons, au début, de façon informelle. Puis la scène nous a invités. L’accueil du public a été si chaleureux, si généreux, que nous avons décidé de continuer. Après le troisième concert que nous avons donné avec cette formation, nous avons été appelés à faire partie d’un collectif . La Warner nous a remarqués, et nous avons enregistré notre premier disque en 1996, qui est Astronauta Tupy.


© http://plap.com.br - "Pedro luís e a Parede"

Tu viens d’évoquer des musiciens tels que Nação Zumbi, de Recife, de Carlinhos Brown, à Bahia. Comment les musiciens tels que vous, qui avez un travail similaire, interagissez avec les groupes des autres régions ?

Le Brésil est très riche en rythmes, et pas seulement dans les endroits que j’ai cités. Ici même à Rio de Janeiro, le samba est très fort. Il a donné naissance à d’autres rythmes. Il flirte avec la pop, phénomène qui s’est largement développé durant les dernières années.

Certains rythmes traditionnels, et ce quelle que soit leur origine géographique au Brésil, restent un peu conservateurs. En ce qui nous concerne, on se prend à mélanger la tradition à d’autres choses, à étudier toutes les combinaisons rythmiques, musicales permises par ces mélanges. On a aussi ressenti une vive envie de faire cela, en nous attaquant également à des champs traditionnels.

On a fait une émission de radio ici à Rio, appelé Parede 800, pendant trois ans. On a reçu aussi bien des gens qui initiaient des projets dans le domaine du pop ou de la MPB, que les velhas guardas des grandes écoles de samba, des grands sambistes…On ne pense pas trop à tout cela, c’est pour nous très naturel. Comme la musique électronique qui se rapproche de la Batucada : c’est très intéressant parce que cela vient enrichir la musique électronique, qui est un langage récent dans l’histoire de la musique, mais qui s’approche ainsi de toute une histoire et d’une culture musicale non virtuelle.


Tu évoquais le Monobloco ...

Nous sommes très peureux dans notre travail, nous ne sommes jamais vraiment passés à radio. Sauf lorsqu’une de nos chansons a été choisie pour illustrer la bande sonore d’une novela, ce qui représente beaucoup, au Brésil. Mais cela n’a jamais représenté pour nous un objectif commercial. Si on y arrive, c’est bien, mais ce que nous voulons, c’est jouer notre musique !

On a connu certaines difficultés, en relation au marché, bien sûr. On fait beaucoup de concerts et nous vivions de cela aussi. Et dans une période de battement entre un disque et un autre, on a décidé de dédoubler notre travail pour voir si on pouvait continuer à travailler ensemble et gagner un peu d’argent sans que chacun se disperse et multiplie les partenariats avec d’autres artistes.

A partir de là, nous avons créé cet atelier, qui en réalité, était un atelier pilote à São Paulo, au SESC Vila Mariana, qui est une structure qui accueille des résidences musicales, dotée d'équipements de très haute qualité. L’atelier de percussions a été un succès. On a enseigné pendant deux ou trois jours à un groupe la percussion, un langage basique, on a adapté deux ou trois choses.

On a utilisé les instruments du samba, en proposant quelques arrangements que nous avons développés au sein de la Parede, durant nos premières années de travail, et quelques arrangements de musique traditionnelle. On a écrit quelques partitions.

Celso, qui aujourd’hui dirige le Monobloco, avait déjà une formation de professeur de percussion. Il avait déjà travaillé avec Sidon dans une école de musique appelée Pro’arte ici à Rio. Tous deux avaient déjà une idée de ce qu’était la méthodologie et la pédagogie qu’ils voulaient appliquer. On a alors adapté tout cela ensemble, retranscrit les rythmes sur des partitions…c’était très intéressant. Cela a donné un bon résultat, on a fait des petits défilés au sein de l’espace où on donnait les cours.


© Monobloco

Quand nous sommes revenus à Rio, on a proposé à la Mairie de créer un atelier permanent, qui durerait de mai à décembre. Le cours a été très demandé, on a du faire trois groupes, puis un quatrième. Lorsque nous nous sommes rendus compte de ce potentiel, nous, de la Parede et nos managers de l’époque, nous nous sommes dit : « pourquoi ne pas former un bloco ? ».

Un bloco pré carnavalesque, qui utilise les instruments du samba mais pas seulement pour jouer le samba, pour jouer aussi d’autres rythmes brésiliens et leur donner une couleur pop…Il y avait tous ces élèves en train d’apprendre !

On a invité d’autres artistes : un chanteur, Serjão Loroza et Rodrigo Maranhão, un ami, qui joue du cavaquinho électrique. Cela a bien marché. Monobloco est rapidement devenu un phénomène à Rio de Janeiro.

On a sophistiqué les ateliers au fil des années, et aujourd’hui, c’est la septième saison. Chaque année, on ouvre le carnaval dans une grande fête, un grand défilé qui réunit dans les rues 100 000 personnes, de la folie !

Aujourd’hui, je ne donne plus de cours, la Parede continue, elle s’est entourée d’autres musiciens, des professeurs. Dix personnes coordonnent le projet. On utilise une méthode, la méthode O Passo, qui a été développée par un professeur très spécial ici de Rio, Lucas Ciavatta. O Passo est un processus de « musicalisation » à travers un pas quaternaire qui donne des résultats merveilleux ! Il sauve des cas désespérés, les incurables du rythme ! Toute une histoire qui s’est développée autour de cela, très intéressante et qui est devenue un autre soutien à notre folie !


Combien de personnes y a t il dans ce projet, maintenant ?

Entre les élèves et les musiciens invités...je pense qu’il y a 120 personnes.


Vous avez enregistré un cd, n’est ce pas ?

On a enregistré un cd, oui. Mais ce n’est pas un cd très représentatif de ce qu’est le bloco. A l’avenir, on ne passera pas par le même processus d’enregistrement, celui du studio. Le Monobloco est plus productif en live, pendant les concerts. Peu après le succès de Monobloco, on a décidé de créer une nouvelle formation, qui est le Monobloco show, composé de 16 à 20 personnes. Cette troupe plus « professionnelle » donne des concerts à Rio et dans tout le Brésil. Une formation bien intéressante, avec des arrangements plus sophistiqués, car ce sont tous des musiciens professionnels.


© http://www.neymatogrosso.com.br - Pedro Luis et Ney Matogrosso

Nous sommes aujourd’hui dans les coulisses du Canecão, à quelques minutes du concert Vagabundo, que vous donnez avec Ney Matogrosso. Comment a surgi l’opportunité d’enregistrer ce cd avec Ney, une légende vivante de la musique populaire brésilienne ?

C’est une histoire merveilleuse ! Il suit notre carrière depuis longtemps, avant même que sorte notre premier disque. Il a enregistré deux de mes chansons avec les musiciens de la Parede. Il est une des figures les plus généreuses de la musique brésilienne, qui sait diversifier ses références artistiques.

En ce qui nous concerne, c’est vraiment spécial, car c’est la première fois qu’il partage le lead vocal sur scène, ce qui est pour moi un honneur…un chanteur d’un tel talent qui m’ouvre cet espace ! Un partenariat qui s’est établi au gré de participations spéciales qu’il a été amené à faire dans nos concerts. Notamment en janvier 2003, ici même, au Canecão, le public a vraiment accroché. Après le concert, il nous a dit : « pourquoi ne pas transformer tout cela en un vrai projet, réfléchissons à un répertoire commun! ». Ce que nous avons fait, et nous voici nageant dans cette allégresse, j’espère que vous la verrez !


© Elodie Barbosa Boëne - Mars 2007 (Interview et traduction)


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Dernière édition par Elo Barbosa le 17 Mar 2007 10:35, édité 2 fois en tout
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Vicente
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Inscrit le: 16 Dec 2006
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MessagePosté le: 10 Mar 2007 5:10    Sujet du message: Répondre en citant

Bien bel article encore une fois ! Oha!

Merci et à bientôt !
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