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Un très ancien jenbéfolaw m’a dit un jour…
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Beng beng
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MessagePosté le: 17 Jan 2008 19:33    Sujet du message: Répondre en citant

La réponse est le chemin. Je suis également fan de contes zen. Je préfère ceux de Maître Deshimaru aux tiens.

Dans ces contes, lorsqu'un disciple pose une question au maître, ce dernier lui répond. Tout simplement.

J'ai besoin de ta réponse.
Et tu n'es pas un maître. Et je ne suis pas ton disciple. J'accepterai donc que tu ne répondes pas à mes questions, aussi simples soient elles.

A propos du doute concernant le contenu de ton article :

J'ai un peu de mal à comprendre ton interprétation des rythmes ternaires/binaires. Je pense avoir assez étudié les percussions mandingues pour dire que ce n'est pas si simple. Voire que c'est faux.
Non seulement la distinction "occidentale" ternaire/binaire n'est pas un outil suffisant pour catégoriser les rythmes mandingues. Par exemple, boundiani (ternaire) est aussi éloigné de dibon (binaire) que de djaa (ternaire), quant à ses codes rythmiques, son interprétation, ses phrasés, ses temps forts, etc. Et comment classer les rythmes ngri, sogonikun et sunu : binaire ou ternaire ? Les termes binaire et ternaire ne peuvent donc être utilisés pour décrire des familles de rythmes.
En outre, lorsqu'on connait les circonstances dans lesquelles sont joués ces rythmiques, ça n'a pas de sens de dire des rythmes binaires qu'ils sont ceux du "travail, de la fête, du combat", et des ternaires qu'ils sont ceux du monde spirituel. Certains rythmes sacrés ou de masque sont binaires. Beaucoup de rythmes liés au combat sont ternaires (les dununbas!!!), de même que certains rythmes liés à la fête et aux contingences humaines (certains djaas, maraka, soli, certains fefoli ...).
Enfin les liens appel ouvert/ternaire et appel fermé/binaire est surfait. Tout dépend des codes inhérents à chaque rythme ou famille de rythme.

Je suis plutôt d'accord avec toi quant à la connection du musicien, qui devient un canal. Je suis d'accord avec le fond. Pas la forme. Car ton discours s'appuit sur une vision erronée de la mythologie mandingue : pas de "dieux" et aucune distinction entre bons et mauvais génies.

Conclusion, ce qu'il manque à ton discours c'est une profonde connaissance des musiques et des cultures spirituelles de l'Afrique mandingues. C'est dommage parce que le fond est parfois intéressant. J'écoute plus volontiers les réflexions et les conseils de quelqu'un qui maitrise son sujet.
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François Kokelaere
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MessagePosté le: 17 Jan 2008 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

Chaud devant… Dis donc le « beng beng » est devenu « bang bang »…Toi manifestement, tu connais parfaitement ton sujet mais reste quelques progrès à faire au niveau de l’humour, de la poésie et de la légèreté…

Tu as parfaitement raison sur tout. Voilà, tu es calmé. On peut commencer à discuter tranquillement, sans s’énerver ? Alors allons-y !

Réduire les rythmes mandingues ou autres, à des pulsations binaires ou ternaires est quelque peu réducteur, soit, et un outil très insuffisant, c’est vrai. Mais s’il fallait déterminer une pulsation alors peut-être pourrions-nous parler de « pulsation dominante », ce qui est encore une valeur très relative car conditionnée par un environnement culturel. C’est vrai qu’il est souvent bien difficile, ne serait-ce, que de trouver naturellement le temps, l’appui, le sol et plus la polyrythmie est complexe, plus il est difficile de trouver cet appui. Du temps où je dirigeais les Percussions de Guinée, quand j’étais largué pour trouver une pulsation, je demandais aux batteurs de taper du pied, ce qui faisait un repère commun et un excellent fondement pour trouver la construction polyrythmique souvent sophistiquée.

Tu as encore parfaitement raison quand tu dis qu’aujourd’hui les rythmes de transe ou de travail peuvent être indifféremment binaire ou ternaire. Mais je pense que « le vieux jembefolaw perdu au fond d’une brousse improbable » parlait d’un autre temps d’avant, avant l’avant.
Quant à dire que les rythmes de travail et de combat sont plutôt « binaires », peut-être est-ce tout simplement parce qu’ils véhiculent la notion de verticalité, d’aller et de retour comme le coup donné, comme le geste du cultivateur, et que les rythmes qui touchent au spirituel, dans le sens « d'élever l’homme vers le divin », plutôt, « ternaires », peut-être parce qu’ils sont ronds et spiralés comme une visse sans fin, sans début et sans fin. Est-ce à dire que le binaire est carré et que le ternaire est rond ? C’est une sensation qui n’est pas si difficile d’expérimenter et d’appréhender soi-même. Il suffit d’essayer.

D’ailleurs puisque tu en parles, j’avais rencontré au Bénin un prêtre vaudou qui avait sensiblement la même perception des choses que notre « vieux jembefolaw perdu au fond d’une brousse improbable ». Il disait que les rythmiques des agogos (cloches) très ternaires (même si elles tendent quelquefois sur le binaire et même si quelque fois sont entre les deux, d’accord…) permettent le cercle, le rond du mouvement du sternum qui génèrent une sorte de "liquide" (molécule?) qui en allant au cerveau, entraîne la transe. Alors faut-il plutôt comprendre qu’il y a toutes sortes d’extases selon les pulsations utilisées ? Le plus simple n’est-il pas d’expérimenter soi-même.

Citation:
Enfin les liens appel ouvert/ternaire et appel fermé/binaire est surfait. Tout dépend des codes inhérents à chaque rythme ou famille de rythme.


Oui, bien sûr, si tu analyses les rythmes et leur contenu littéralement c’est ainsi mais peut-être que le « vieux jembéfolaw » ne parle pas de ça, qu’il parle de quelque chose de plus général, de plus global et de plus ancien. Nous savons tous que les rythmes, les pulsations bougent et changent au gré des rencontres et des migrations des hommes. Y a-t-il eu une vie avant l’époque récente (peut-être un millier d’années) où le « jembéru » était un petit tambour utilisé par la caste des forgerons Malinkés pour accompagner la cérémonie de fusion du métal? Ces mêmes forgerons détenteurs des outils de sculpture qui creusaient les mortiers dont la forme rappelle étrangement celle du djembé.
Un jour, un scientifique dont je ne me souviens plus du nom, a osé insinuer que le tambour avait été amené en Afrique lors des périples très anciens des populations asiatiques, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. S’il a raison, il a pu s’en passer des choses entre ce temps d’avant et celui d'aujourd’hui… Les rythmes ont eu le temps de bouger, de changer, de se modifier, de muter, de se transformer et leur utilité, leur utilisation a eu aussi le temps de changer mille fois.

Citation:
Car ton discours s'appuit sur une vision erronée de la mythologie mandingue : pas de "dieux" et aucune distinction entre bons et mauvais génies.

Mille fois raisons, petit scarabée, aucune distinction entre les bons et les mauvais génies dans la tradition Mandingue, c’est bien ça le problème, ange et démon à la fois, où est la différence (il n’y a a pas que dans la civilisation mandingue que c’est ainsi, hein…) mais qui t’a dit que le « vieux jembéfolaw » était mandingue. Comme tu le sais très bien, l’Afrique est le lieu de tous les brassages. Regarde ce cher Séga Sidibé qui est en fait d’origine « Peul », ethnie qui ne brille pas par la présence du jembé dans sa musique traditionnelle… mais qui est, de par sa propre histoire et celle de son peuple (Wassolon) à la croisée de tant de cultures différentes.

Citation:
Conclusion, ce qu'il manque à ton discours c'est une profonde connaissance des musiques et des cultures spirituelles de l'Afrique mandingues. C'est dommage parce que le fond est parfois intéressant. J'écoute plus volontiers les réflexions et les conseils de quelqu'un qui maitrise son sujet.


Oh là, petit scarabée, on se calme, c'est pas la peine d'être désagréable, un peu de légèreté, un peu de poésie dans un monde de brutes, un peu d’humour, moins rigide, on se détend, ce n’est que du tam tam… complètement dingue. On est là pour rigoler pas pour se faire engueuler.
Allez, au plaisir de te lire.

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Beng beng
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MessagePosté le: 18 Jan 2008 18:08    Sujet du message: Répondre en citant

Tout d'abord pardon pour l'agressivité de mon précédent post. Ce n'est pas en dialoguant si violemment que je créerai un échange fertile et humain. Je tiens donc tout d'abord à te présenter mes excuses. Et puis, parce que je ne tiens pas à rester anonyme, je me présente, je m'appelle Benjamin Divine. Je joue des percussions africaines depuis presque 10 ans. J'ai fait quelques voyages au Mali, en Guinée, au Sénégal, au Burkina Faso (où je repars la semaine prochaine pour 5 mois), au Bénin et en Gambie. J'ai beaucoup étudié le djembé, mais aussi les dununs kassonkés et surtout malinkés. Depuis peu je travaille essentiellement le balafon pentatonique. J'ai également passé beaucoup de temps auprès de féticheurs, le hasard faisant toujours bien les choses en plaçant de beaux cailloux blancs sur mon chemin.
Mes connaissances sont bien sûr limitées concernant ces musiques, encore plus concernant les croyances mystiques d'Afrique de l'ouest. Et j'ai toujours cherché à comprendre mieux leur fonctionnement pour pouvoir les jouer correctement. J'ai toujours été très friand de connaissances dans la culture mandingue, et je n'arrête pas de creuser pour apprendre.
En ce moment tu peux écouter le fruit de mon travail actuel sur le tremplin donaba (avec les groupes Radio Pitoufo et Kala Woro) ou sur myspace.com/radiopitoufo. (j'en profite pour faire de la pub !!! ).

Je tiens également à continuer le débat.

J'ai toujours l'impression que tu éludes mes questionnements. Visiblement, tu ne veux pas dire si ce vieux djembefola existe (ou existait). Je suis convaincu que tu n'as jamais fait une telle rencontre. Il est un bon argument pour te cacher derrière une autorité compétente aussi imaginaire soit elle. Soit.

Jusqu'à présent, les personnes qui m'ont appris la musique, certaines très âgées, d'autres plus jeunes, ne m'ont jamais enseigné le lien entre rythmique et spiritualité. Je pense également comme toi qu'il y en un. Cependant, les expériences mystiques que j'ai pu vivre en Afrique jusqu'à maintenant et la connaissance que j'ai des structures rythmiques mandingues m'amènent à penser que la vision que tu exposes dans ton article est erronée.

Et je trouve ton argumentation dans ton dernier post très imprécise, voire hors sujet.

Tout d'abord, savoir à quelle famille appartient un rythme est un autre sujet que de savoir où est le temps (une fois qu'on s'est accordé sur sa signification) ou la pulsation. J'ai l'impression que tu confonds les deux.

Citation:
Tu as encore parfaitement raison quand tu dis qu’aujourd’hui les rythmes de transe ou de travail peuvent être indifféremment binaire ou ternaire [...] Quant à dire que les rythmes de travail et de combat sont plutôt « binaires », peut-être est-ce tout simplement parce qu’ils véhiculent la notion de verticalité, d’aller et de retour comme le coup donné, comme le geste du cultivateur, et que les rythmes qui touchent au spirituel, dans le sens « d'élever l’homme vers le divin », plutôt, « ternaires », peut-être parce qu’ils sont ronds et spiralés comme une visse sans fin, sans début et sans fin


Tu dis ici une chose et son contraire... je ne te suis plus...
Mais c'est ton argument suivant qui m'éclaire :

Citation:
Les rythmes ont eu le temps de bouger, de changer, de se modifier, de muter, de se transformer et leur utilité, leur utilisation a eu aussi le temps de changer mille fois.


Pourquoi pas... je ne suis pas convaincu.
Que ce soit dans les rythmiques des batas (jouées pour des cérémonies en l'honneur d'orishas) aussi bien en Afrique (Nigéria) ou à Cuba, dans de nombreuses rythmiques malinkées liées au spirituel, dans les rythmes des djinafoli au Mali, dans ceux joués par les balafons senoufos pour certains génies ou fétiches, de même que chez les samblas ou les toussians, dans le sabar ou même certains rythmes vaudous du Bénin et Nigéria, ... on retrouve également des rythmes très binaires. Et je ne pense pas que ce soit des exceptions. Bien sûr il se peut que chacun d'eux aient été déformés, ternairisés avec le temps. Mais ce n'est pas l'avis des ethnomusicologues. Et le seul argument qui vienne corroborer ton point de vue vient de ce dialogue hypothétique que tu aurais eu avec le vieux djembefola imaginaire ?
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Crucciani David
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MessagePosté le: 18 Jan 2008 18:47    Sujet du message: Répondre en citant

Salut.

Je trouve votre débat interessant on y apprend plein de chose
J'aimerai bien en savoir un peu plus sur les rythmes mandingues.
L'année prochaine je vais surement partir en afrique,j'aimerai bien savoir par votre experience quel endroit je pourrai apprendre la culture et les rythmes mandingues.
Merci a Bientôt.

corsicapercu
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François Kokelaere
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MessagePosté le: 18 Jan 2008 20:16    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Monsieur Benjamin, tu n’as pas besoin de t’excuser mais il est vrai que ta virulence qui frôle parfois l’agressivité ne fait pas avancer le débat et surtout, pollue la teneur de tes propos au demeurant, fort intéressants. Il est vrai d’autre part, que le fait d’avancer caché derrière un pseudo est exaspérant et je te remercie de t’être présenté.

Manifestement, tu es déjà très avancé sur le chemin du tambour et de ta rencontre avec l’Afrique mais n’oublie pas que ce n’est pas la cas de tous ceux qui lisent nos écrits sur le site. C’est pourquoi j’émets des idées sur le mode poétique et onirique. Ces idées sont ouvertes et c’est à chacun d’imaginer si le personnage de la fable existe bien ou s’il est le fruit de mon imagination ou le résultat de multiples rencontres et recoupements. Toi qui est en prise directe avec la mystique africaine tu sais combien le proverbe, l’image et l’imaginaire sont importants, que réalité et fiction sont intimement liés et un vecteur très efficace pour que le lecteur se fasse sa propre idée de la situation. Tu sais bien que la pédagogie au sens occidental du terme n’existe quasiment pas en Afrique où les choses se transmettent autant par « capillarité » et que par immersion. Le canal par lequel ces rythmes, ces musiques, ces danses nous parviennent de la nuit des temps se fait par le biais de gens simples, habités par une sorte de flamme mais qui ne se préoccupent pas beaucoup de la façon dont les choses sont venues et de la manière de les transmettre (à part quelques exceptions, bien sûr). Les choses « sont » et c’est bien comme ça car il faut une patience et une détermination infinie à celui qui veut les approcher.

Quant à l’utilisation du mode de la fable pour faire passer des idées, c’est la rigueur de ton intégrité qui y voir une malhonnêteté ou un subterfuge de ma part. Je me méfie trop des certitudes pour en énoncer, je préfère de loin une façon plus ouverte où chacun, musicien ou non, débutant ou non, peut aller chercher ce qui l’intéresse. Le mode ludique, poétique a ceci d’intéressant qu’il permet toutes les pistes, tous les chemins et tous les cailloux blancs sur la route. Il reste ouvert et perméable à tous les dogmes et à tous les intégrismes. Cette dimension imaginaire permet aussi au lecteur de se faire sa propre opinion, de voyager dans sa tête, de s’ouvrir et de développer son esprit critique.

Le fait de demander si le vieux jembéfolaw existe et où je l’ai rencontrer me fait penser à ces scientifiques qui réfutent l’évidence.
Ai-je vraiment vu un jour au Bénin dans la région de Ouidah un masque voler sans aucune explication rationnelle ou était-ce le fruit de mon imagination ?

Ai-je vraiment vu un nuit, dans les collines de la Guinée forestière (avant la guerre) des échassiers marcher sur le toit des maisons en chaume sans aucune explication rationnelle ou était-ce le fruit de mon imagination ?
Ai-je vraiment vu un jour les femmes Baga de la Basse-Côte de Guinée « attacher » la pluie, sans aucune explication rationnelle ou était-ce le fruit de mon imagination ?
Et mille autres exemples que tu as aussi vécu. Peu importe, ces expériences n’appartiennent qu’à celui qui les vit ou qui croit les vivre, sait-on jamais, et peu importe les scientifiques et la logique occidentale mais attention, quand tu racontes ça,
- Tu risques de bloquer les cartésiens et tu les fermes à toutes autres ouvertures, tu les renforces dans la certitude que tu es complètement gelé, tu les bouscules dans leur intégrité et qui est prêt à revoir toute sa structure mentale ?
- Tu risques de devenir un gourou, un initié, celui qui « sait », celui qui « a vu » et tu perturbes davantage les esprits fragiles

Tout cela pour dire que la fable est finalement un vecteur où chacun peut se retrouver sans dommage mais qui peut laisser les portes ouvertes. C’est à chacun de vérifier par lui-même le contenu.

Tu affirmes que :
Citation:
que la vision que tu exposes dans ton article est erronée.

soit, n’empêche que c’est ma vision des choses et elle a le mérite de te renforcer dans tes convictions. D’autre part, elle fonctionne bien dans mon processus de création et dans la façon dont j’envisage l’approche des instruments que je "laisse jouer" à ce moment de ma vie et de mon parcours artistique. Car c’est bien cela l’essentiel, toutes ces histoires ne mènent à rien, ne sont que du verbiage, si on n’arrive pas à les relier à la pratique de son art, au sens le plus large du terme, en résonance avec le reste. Connaître l’histoire, éplucher des milliers de rythmes, réciter par cœur les milliards de soli des grands maîtres, jouer plus vite que son ombre, ne sert à rien si tout cela ne résonne pas avec les étoiles ! Et faire danser les étoiles, tu sais que c’est compliqué…

Citation:
Tout d'abord, savoir à quelle famille appartient un rythme est un autre sujet que de savoir où est le temps (une fois qu'on s'est accordé sur sa signification) ou la pulsation. J'ai l'impression que tu confonds les deux.

Tu as raison, ce n’est pas très clair.
Le temps, la pulsation, la « métrique » sont une chose liée à une histoire, une référence culturelle, une danse, une situation. Tout est indissociable. Le « sens » du rythme induira la façon dont on le joue, dont on « doit » le jouer dans un contexte traditionnel ou un environnement culturel donné. Soit. Mais je pense que chaque rythme à sa propre vie, sa propre énergie (comme il est difficile de mettre des mots sur une sensation, vive la fable…), du plus simple au plus sophistiqué. A ce propos, il m’est arrivé des extases incroyables à la vue et à l’écoute des rythmes tellement simples des femmes Baga (une polyrythmie à trois voix archi simple constituée d’une mesure à deux temps binaires, d’une mesure à trois temps binaires et d’un deux temps ternaires). Et la façon dont elles jouaient, dont elles résonnaient, était tellemment « première », simple, minimaliste, que cela m’a particulièrement interpellé. Comment est-il possible de mettre en mouvement de telles forces, de telles énergies avec des choses aussi simples, aussi basiques ? Cela m’a calmé dans mes pérégrinations et mes recherches. Et si les choses pouvaient aussi être tellement simples, tellement évidentes que nous ne pourrions ni les voir, ni les sentir, tant notre esprit est embrumé de concepts compliqués ? Et si l'essentiel était autant dans les choses simples, que dans les compliquées? Et si tout essentiel s'inscrivait de toutes façons, dans toute globalité et réciproquement?

Donc, les rythmes ont leur histoire, leur contexte d’aujourd’hui mais peut-être véhiculent-ils autre chose, venu de la nuit des temps. Comment peut-on dire que les rythmes n’ont pas bougé ? Comment pouvons-nous le savoir ? En terme de quelques centaines d’années, oui mais en terme de milliers d’années. Comment sont-ils nés ? Ils sont un jour tombés du ciel, transmis par les dieux ? (comme le bala soso de Soumaworo ?) Ils n’ont pas bougé, ils sont restés tels quels malgré les mouvements de populations à travers les siècles et les millénaires? Ce serait un peu comme dire que les langues se sont faites en un jour et qu'elles n'ont pas bougé!
Là ce n’est plus du divin, c’est de la magie pure et simple. Il me paraît évident qu’ils se sont enrichis au fur et à mesure de leurs rencontres, qu’ils ont mutés, se sont transformés et que chacun détient encore, à différents niveaux, malgré toutes ces mutations, une parcelle de sa vérité première.

Alors plusieurs voies s’ouvrent à nous.

1) La recherche approfondie de cette vérité première en étudiant sérieusement le maximum de rythmes et en tentant de faire une unité quand la boucle est bouclée. C’est la voie du chercheur.
2) La recherche approfondie de cette vérité première en étudiant l’énergie que véhiculent les pulsations et les polyrythmies, dans leur plus simple expression, celle qui peut, un peu comme l’éveil des asiatiques, nous surprendre quand on s’y attend le moins et résonner en nous, de façon inattendue. C’est la voie du poète.

Allez Benjamin, au plaisir de te lire. C’est un bonheur de papoter avec toi.

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François Kokelaere
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MessagePosté le: 18 Jan 2008 20:28    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour David Crucciani,

Comment et où aller en Afrique, ça c'est une question piège... Il y a autant de possibilités que de rencontres, que d'histoires personnelles. Tout dépend de ce que tu cherches vraiment. Rencontre plein de gens qui sont allés en Afrique et demande leur ce qu'ils ont vécu. Prépare-toi bien. Bosse le plus possible avant et ne te met pas dans une galère. Ceci dit, les galères forment la jeunesse... mais pas trop quand même. Méfie-toi des gourous et autres mysthificateurs de tous poils et tente de rester toi-même à l'issu du voyage. Ca c'est le plus dur. Informe-toi, renseigne-toi, bouquine, tout quoi, afin que tu sois le plus informé possible avant de partir pour la grande aventure. Pour une première fois, cela peut être pas mal d'y aller dans le cadre d'un stage ou d'un groupe puis, la prochaine fois, il faut partir sur les chemins de traverses car les voyages forment la jeunesse, ça par contre, c'est sûr...

Cordialement.

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Herve
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MessagePosté le: 19 Jan 2008 6:57    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

François Kokelaere a écrit:
il m’est arrivé des extases incroyables à la vue et à l’écoute des rythmes tellement simples des femmes Baga (une polyrythmie à trois voix archi simple constituée d’une mesure à deux temps binaires, d’une mesure à trois temps binaires et d’un deux temps ternaires)


ça donne vraiment envie de voir la partition.
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Nojan
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MessagePosté le: 19 Jan 2008 8:49    Sujet du message: Répondre en citant

Merci François et Benjamin pour ce dialogue...

Sympa Benjamin de t'être présenté, cela me permet de te féliciter pour la qualité du morceaux en écoute sur Donaba...j'ai vu aussi que tu avais participé à la méthode de Maarten Scheppers, elle est trés intéressante.

François merci pour ta poésie musicale, tes albums ponctuent mon quotidien notamment celui avec Paul Lazar...et merci pour la qualité de tes écrits, ton texte sur ce vieux djembéfola est partie chez toutes mes connaissances...

Salutations musicales
Jean-Noël

http://www.myspace.com/soliterremusic
http://www.myspace.com/faisvoirleson
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manuelito
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Messages: 12

MessagePosté le: 19 Jan 2008 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

bonjour,
juste pour dire que je suivait le débat.. je ne suis pas percussionniste mais je trouve cet échange passionnant..


Dernière édition par manuelito le 30 Jan 2008 19:55, édité 1 fois en tout
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François Kokelaere
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Messages: 337
Localisation: Planète Terre

MessagePosté le: 19 Jan 2008 11:26    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Jean-Noël et vive la poésie musicale et la musique poétique. Le disque avec Paul Lazar c'est quand même quelque chose, hein. En ce moment, je travaille avec un autre extra terrestre, le tubiste François Thuillier et tu peux voir un extrait vidéo du concert sur notre site www.heureduthe.com. Si le son n'est pas très bon, je me ferai un plaisir de t'envoyer le dvd car cette rencontre insolite tuba et phonolithes, troncs d'arbre, calebasses, berimbau, gongoma est assez étoilée...

Hervé, il n'y a pas de partitions pour les femmes Baga mais un cd chez Buda Musique, Collection Musiques du monde, qui s'appelle Baga Guiné avec les chants des femmes de l'ethnie Baga de la Basse-Côte. Très roots où l'on peut apprécier cette simplicité dont je parle mais faut être branché quand même. Le mieux c'est quand même d'aller là-bas pour l'ambiance.

Au fait Benjamin, je ne peux pas écouter ce que tu as fait sur Donaba car hélas, mille fois hélas, je ne peux pas avoir le haut débit dans ma campagne profonde et ce n'est pas pour demain (40kbits...) alors peut-être pourrais-tu m'envoyer un cd de ce que tu fais, je t'ai envoyé mon adresse sur ton contact mail.

A plus et bonne musique à tous.

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