Fran�ois Kokelaere


Inscrit le: 24 May 2002 Messages: 355 Localisation: Plan�te Terre
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Post� le: 09 Feb 2009 17:52 Sujet du message: Omar Sosa |�homme musical |
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Billet d'humeur sur le Concert d�Omar Sosa aux Arcades de Faches-Thumesnil, le samedi 31 Janvier 2009. Par Fran�ois Kokelaere.
Il y a des moments dans la vie o� nous sommes vraiment contents d�avoir des oreilles et le conduit auditif et les neurones � peu pr�s en bon �tat.
Si le r�le de l�artiste est de nous faire voir le monde autrement alors, Omar Sosa est un grand artiste. Un artiste immense m�me !
Si le r�le de l�artiste est de nous faire r�ver, alors Omar Sosa est le prince des r�ves ! Certains font de la musique, lui, il � est � la musique. D�autres jouent du piano, lui, il � est � le piano ! Ce qui fait de cet homme un � faiseur de musique �, un � metteur en musique � vraiment � part. La notion de � latin jazz � devient soudain d�risoire car avec lui, l�acte musical est le vecteur d�une r�sonance ultime. Chaque note, chaque son, chaque �motion, chaque sentiment, chaque instant, est transcend�, investi d�une �nergie m�diumnique, qui nous relie � autre chose. Ce concert est un moment � autre � qui nous fait mieux comprendre et appr�cier le sens de notre vie de musicien. Et m�me si nous savons que nous n�approcherons jamais le milli�me de son talent, nous sommes d�finitivement renforc�s sur le chemin � suivre, la voie trac�e, toute droite vers l�infini.
D�aucuns ont cette gr�ce d��tre reli�s, de vibrer, souvent depuis leur plus jeune �ge. Telles des �toiles filantes, ils sont l� pour nous dire que c�est possible, que tout est possible � An other world is possible � comme dit Sosa, mais ils savent aussi, qu�ils ne sont que de passage, comme nous tous. Ils sont l� pour nous dire que chaque seconde vaut d��tre v�cue et que la musique n�est l�, dans son instant d��ternit�, que pour nous rappeler la v�rit� premi�re - nous ne sommes que de passage � qu�il nous faut de toute urgence sortir de nos postures quotidiennes, de nos petites impostures habituelles, de notre amn�sie chronique et tenter de vibrer intens�ment avec ces musiciens, ces magiciens, ces princes hors du commun, le temps �ph�m�re, mais pourtant �ternel, d�un concert.
Omar Sosa sur sc�ne, c�est d�abord, une relation fusionnelle qu�il entretient avec son bassiste, Childo Tomas, avec lequel il parcourt les sc�nes du monde entier depuis tant d�ann�es. Une relation g�melle comme deux fr�res qui partageraient une m�me passion, une m�me soif d�absolu, qui donneraient le m�me sens � leur vie ; ils sont un dans deux corps, deux esprits qui r�sonnent ensemble, unis, compl�mentaires.
L�un, Childo, est immense, plant�, enracin�, souriant ; un bon m�tre 90 et le quintal d�pass�. La base, la basse est l�, terrienne, sans � chi chi �, sans virtuosit� inutile ; il va directement � l�essentiel. Il est la structure, l��difice indispensable aux envol�es lyriques d�Omar.
L�autre, Omar, immense aussi mais presque fr�le, fragile, comme flottant dans les �thers entre plusieurs mondes. La voix �raill�e, presque fluette comme si parler lui �tait inutile. Oscillant entre la Sant�ria (culte des anc�tres afro-cubain) et la contingence mat�rielle.
Il y avait d�ailleurs cette complicit�, cette osmose inou�e avec le regrett� Anga Diaz et je me permets de vous conseiller encore une fois d�acheter l�excellent film de Jean-Robert Thomann � Omar Sosa, le culte des anc�tres � enregistr� en 2004 au Festival de Porto Novo en Corse, pou seulement une quinzaine d'euros�, o� les trois - Omar, Childo et Anga - ont vibr� dans ce monde pour ce qui devrait �tre probablement, une des derni�res fois ?). Peut-�tre que depuis la disparition d�Anga, cet autre alter ego, la musique d�Omar Sosa (o� l�homme ?) a encore m�rie et elle semble aujourd�hui plus resserr�e, plus essentielle, moins parasit�e par quelques facilit�s, quelques fac�ties superflues ou quelques p�dales d�effets capricieuses ? Il reste bien s�r, lui-m�me : �clat� sur sc�ne, d�lirant, barr�, habit�, illumin�, un canal ouvert... avec lui, pas de demi mesure, n�est pas cubain qui veut ! Et quelques fois, quand l�adr�naline monte trop, quand la musique tourne tellement qu�il en devient fou, quand des braises ardentes lui d�mangent les talons, il se l�ve et fait des choses improbables comme jouer du piano avec les pieds ou se lancer dans une danse fr�n�tique. C�est g�nial de naturel et d�humanit�. Cela n�a rien � voir avec la moindre vell�it� de show man. Omar est bien plus loin que �a, la t�te dans les �toiles. Ce qu�il touche est tellement fort que parfois, il a envie de s�envoler� c�est bien normal quand on est un � bird �, un oiseau du piano.
Donc Omar et Childo, piano et basse, voil� l�histoire, leur histoire, cette histoire. Et puis deux autres musiciens sont venus r�sonner pour ce concert, deux autres musiciens exceptionnels : le batteur Julio Barreto et le saxophoniste/fl�tiste Leandro Saint-Hill. Julio est invraisemblable de groove, de puissance et de finesse. Imaginez un petit bonhomme sec, nerveux, secret, casquette blanche � Sant�riste � riv�e sur la t�te, lunettes sur les yeux style � Ray Ban �, un peu le look de Patato Vald�s, qui vous met un enfer d�une rythmique complexe mais d�li�e, toute en souplesse, libre, qui peut toucher l�extr�me puissance et l�infinie d�licatesse. Une musicalit� et des polyrythmies � faire tourner la t�te. Un batteur taill� sur mesure pour servir l�univers, la plan�te Sosa. Et un saxophoniste, Leandro, brillant, sensible, d�licat, qui fait avec tranquillit� ce qu�il a � faire. �merveill�, les yeux riv�s sur son mentor qui � tout moment peut lui donner des indications de nuances, et il s�en sort vraiment parfaitement.
Voil�, le d�cor est plant� : - c�t� Jardin, Omar Sosa, piano "Steinway" quart de queue lou� pour l�occasion et � sa gauche un bon vieux piano �lectrique "Fender Rhodes", devant lui un tout petit synth�tiseur qui d�clenchera � sa guise bruitage et voix et qui lui permettra de r�aliser en direct des boucles sonores ; - c�t� Cour, la batterie, magnifique batterie (peut-�tre une Gretsch ?) ; - au milieu lointain, Childo Tomas et son ampli basse et � l�avant-sc�ne, le saxophoniste.
Le tout donne un espace sonore vraiment vertigineux, fait d�une joie exub�rante, de sourires, d�une envie in�luctable d�un bonheur partag�, qui va chercher tr�s loin aux confins de la sensibilit� et des racines de chacun, une histoire commune, une histoire universelle, une histoire d��tres humains d�di�s corps et �mes � leur raison de vivre : la musique.
La musique d�Omar Sosa ? A quoi bon disserter ! Elle est unique ! M�lange abouti d�une musique cubaine dig�r�e, int�gr�e, enrichie de toutes les influences de la Cara�be et sud-am�ricaines possibles, d�une connaissance approfondie du jazz (Omar dit son admiration pour Thelonious Monk (ndlr 1917-1982) et Don Pullen mais aussi pour Chopin !) et d�une envie permanente du retour � l�Afrique, � m�re de toutes choses �, servie par une virtuosit� exceptionnelle. Et ce n�est pas pour rien que Childo Tomas est africain, Mozambicain; il est comme une sorte de lien permanent avec cette � africanit� � dont Omar se pr�vaut constamment, un relais privil�gi�. Il est cette racine, ce centre, cet ancrage n�cessaires � la sensibilit� exacerb�e du m�tisse cubain, Omar. Sa pr�sence est aussi d�terminante que le culte � Sant�riste � afro-cubain qu�Omar pratique avec d�votion jusqu�� r�aliser des rituels traditionnels de nettoyage des lieux, en entrant sur sc�ne. Childo est un roc, au milieu de l�oc�an de musique d�Omar, un diamant merveilleux qui sublime l�art d�licat du thaumaturge.
Le tout, dans un petit th��tre (250 places) � l�excellente acoustique : les Arcades de Faches Thumesnil pr�s de Lille (aussi centre musical). Et soulignons ici la clairvoyance du programmateur (�ric Dupont) qui a eu l�id�e g�niale de faire de cette programmation, un des temps forts de sa saison. On peut d�ailleurs se demander pourquoi les temples de la culture de la r�gion, n�ont pas saut� sur l�occasion de programmer Sosa lors de cette tourn�e ?
En conclusion, ce fut un des plus beaux jours de ma vie, d�homme et de musicien et je comprends mieux pourquoi j��tais comme, attir� par ce concert. Il y a des moments o� il ne faut pas trop r�fl�chir et suivre son instinct, la vie vous le rend bien et la musique encore plus.
Pour illustrer cet article, voici les photos du photographe "d'art" Didier P�ron prises le soir du concert. Il a su avec son talent incomparable, saisir l'ambiance, le climat de cette soir�e magique.Il nous a fait l'amiti� de nous autoriser � les utiliser sur le site. Merci � lui et n'h�sitez pas � aller sur son site http://www.myspace.com/dperon_photo pour d�couvrir et appr�cier quelques unes de ces oeuvres magnifiques.
� Fran�ois Kokelaere � f�vrier 2009
� Texte : Fran�ois Kokelaere. Photographie : Didier P�ron | Toutes les �uvres pr�sentes sur ce "post" (message) appartiennent exclusivement � l'auteur (sauf mention contraire) aux termes des articles L 111-1 et L112-1 du code de Propri�t� Intellectuelle. Toute reproduction, diffusion publique, usage commercial sont par cons�quent interdits sans autorisation du titulaire des droits. |
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Mais qui est Fran�ois Kokelaere ?
Description : Leandro Saint-Hill, Omar Sosa, Childo Tomas, Julio Barreto. Photo by � Didier P�ron
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Description : Omar Sosa. Photo by � Didier P�ron
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Description : Omar Sosa. Photo by � Didier P�ron
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Description : Leandro Saint-Hill. Photo by � Didier P�ron
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Description : Childo Tomas. Photo by � Didier P�ron
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Description : Omar Sosa. Photo by � Didier P�ron
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